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Première station

JESUS CONDAMNE A MORT

PREMIERE STATION

JESUS CONDAMNE A MORT


Ils vont, ces juges-là, pousser Jésus à mort :
Ses propos de toujous les blessaient au plus fort !
Leur faux procès est donc indigne forfaiture
Enlaidie par leur goût d'infliger la torture...

Est forfaiture aussi cette machination
Pour obtenir Sa  mort par l'intimidation
D'un gouverneur peureux de protéger un homme
Accusé par les juifs d'être rival de Rome...

Hérode n'en veut pas ! la pression s'accentue :
Les puissants veulent plus qu'une flagellation ;
Le peuple ne veut pas d'une libération...

Lui, seul, Roi d'Ailleurs, couronné par le sang,
Sous l'injure et les coups, se tait, attend,
Que Pilate Le livre au dur chemin qui tue... 


Michel TALIERCIO
Novembre 1999

MON PERE : QUATORZE SONNETS: À propos
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SECONDE STATION

​

JESUS CHARGE DE SA CROIX



C'est à Lui de porter la poutre du supplice !

Il en avait porté pour plus d'une bâtisse :

Ayant été formé pour être charpentier,

Jésus n'ignorait rien de ce rude métier...

​

Maintenant, épuisé, Il redoute le poids

De ce patibulum dont on fera sa croix,

mais comme Il veut garder la condition humaine

Il ne refuse pas la faiblesse et la peine...


Fulgurance du cri de la chair déchirée

Par tant de coups de fouet de soldats délirants,

Encore mise à vif par le fardeau pesant...


Deux larrons condamnés vont monter avec Lui...

Face à l'homme égaré, jamais Jésus n'a fui :

Sa croix offre à chacun une vie libérée...


Michel TALIERCIO

NOVEMBRE 1999








MON PERE : QUATORZE SONNETS: Bienvenue

TROISIEME STATION

JESUS TOMBE POUR LA PREMIERE FOIS

​

Commence la montée... Quelques pas seulement...
Sous son fardeau, Jésus s'effondre brusquement...
Celui qu'ils on voulu à jamais faire taire,
Que Pilate a dit Roi, gît maintenent à terre...

​

Exultations, lamentations, la cohue épaissie,
Guoguenarde ou émue, observe le Messie...
Avant de se lever, Jésus baise la terre
En signe d'un Amour que rien jamais n'altère...

​

On tombe fréquemment au début d'une vie :
Alors il faut vouloir sauvegarder l'espoir...
Jésus s'est relevé... Il n'est d'autre devoir...

​

Vois Jésus, redressé, refusant l'abandon !
Dieu au bout du chemin veut que tu fasses front :
C'est toujours par ta peur que Satan Le défie...

​

​


Michel TALIERCIO
Novembre 1999

​

MON PERE : QUATORZE SONNETS: Derniers articles
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QUATRIEME STATION

JESUS RENCONTRE SA MERE

Une femme surgit et du regard L'embrasse...
Jésus entend la voix par qui tout commença :
"Je te salue Marie, comblée, emplie de grâce..."
Enfin il n'est plus seul : Marie, sa mère est là !

​

L'acceptante revoit la naissance, l'exil,
L'enfermement au Temple où, enseignant déjà,
Il avait tôt quitté l'âge du puéril...
Sa seconde naissance aux noces de Cana...

​

Ils ne s'entendent pas mas se parlent quand même...
Elle dit "mon petit !" ; Lui ne dit que "Maman !"  :
Que peut-on dire d'autre en un pareil moment ?...

​

Ne pouvant de nouveau le suivre qu'en son coeur, 
Déchirée mais toujours servante du Seigneur,
Marie accepte encor : Elle sait que Dieu l'aime...

​


Michel TALIERCIO
Novembre 1999

MON PERE : QUATORZE SONNETS: À propos

CINQUIEME STATION

SIMON LE CYRENEEN AIDE JESUS A PORTER SA CROIX

Aucun bourreau ne veut que la mort tue sans lui,
Que, devancé, à fossoyer il sot réduit :
Jésus ne va-t-il pas mourir avant la croix ?...
On oblige Simon à Lui porter Son bois...

​

Etranger à l'affaire, on l'entend qui maugrée
Mais il ne pourrait pas refuser la corvée.
Jésus le gratifie d'un merveilleux sourire
Qui le surprend, l'émeut, soudainement l'attire...

​

Du plus profond il sent que l'on mène au supplice
Un homme qui est Dieu et que L'abandonner
Lui serait trahison à ne pas pardonner...

​

Humblement consentant, il change de chemin :
Il se donne de coeur au Dieu qui tend la main
Et consacre sa vie à l'oeuvre rédemptrice.

​


Michel TALIERCIO
Novembre 1999

MON PERE : QUATORZE SONNETS: Citation
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SIXIEME STATION

VERONIQUE ESSUIE LE VISAGE DE JESUS


Elle a osé sortir et aller jusqu'à Lui
Au travers de la haine qui L'avait réduit
Sous les crachats d'injure à l'être que souffrance
Joyeusement poussée à la désespérance...

​

Irrésistiblement elle n'accepte pas
Que l'on ose souiller cette marche au trépas !
L'avait-elle connu ? Ou n'était-il qu'un homme
A traiter autrement qu'une bête de somme !

​

Sang sueur et souillure étaient sur ce visage
Signes ignominieux de ce mépris odieux
Qui détruit en chacun sa filiation à Dieu...

​

Une fois nettoyé, tant Il avait souffert,
Sur son châle rendu Il lui avait offert,
De Sa divinité la merveilleuse image...

​

​


Michel TALIERCIO
Novembre 1999


​

MON PERE : QUATORZE SONNETS: Citation
Chemin écorce et copeaux de bois

SEPTIEME STATION

​

JESUS TOMBE POUR LA SECONDE FOIS


Rudesse du chemin ?... Peur du fléchissement ?...
Simon porte le bois ; pourtant Jésus vacille !
L'homme L'a rejeté, exclu de sa famille ! 
Pour la seconde fois, Il s'affaisse un moment...

​

Non !... Il ne perdra pas : c'est l'espoir de Son Père
Que toi, découragé, tu te confies à Lui,
Que tu cherches Sa main au plus noir de ta nuit,
Et qu'Il montre qu'Il t'aime en allant au calvaire...

​

Les lacis du péché, les pleurs de la souffrance,
Creusent tous les fossés de la désespérance
Et figent dans la mort le malheureux qui tombe !

​

Veiller sur la Parole au Saint Esprit incombe :
Elle promet la vie au-delà de ta peur...
Jésus se veut debout pour être ton sauveur !

​


Michel TALIERCIO

Décembre 1999

MON PERE : QUATORZE SONNETS: Derniers articles
Femmes tenir par la main

HUITIEME STATION

​

JESUS RENCONTRE LES FEMMES DE JERUSALEM


Ici, couvrant les cris, quelques femmes qui pleurent.
Jésus s'arrête et dit, Son regard dans le leur,
"Ne pleurez pas sur Moi mais sur votre malheur
Une fois englués, captifs du faux bonheur !"

​

Le Paradis pour tous : voilà ce qu'on nous prêche !
Faire n'importe quoi : rien ne nous en empêche !
Quand la sève est tarie, tout arbre se dessèche :
Sous la cendre s'éteint tout l'espoir de la Crèche !

​

Debout la Chrétienté ! Il faut Dieu retrouver !
La permissivité pourrit  la Liberté,
Lui fait accaparer au lieu de partager...

​

Il faut se redresser et que chacun se fasse
Une main du Seigneur, un regard de Sa Face
Et qu'ainsi, à jamais, Sa tristesse s'efface...

​


Michel TALIERCIO
Décembre 1999

MON PERE : QUATORZE SONNETS: Derniers articles
Chemin écorce et copeaux de bois

NEUVIEME STATION

​

JESUS TOMBE POUR LA TROISIEME FOIS


C'est ici, maintenant, qu'on va L'assassiner !
La Crèche L'avait-elle à ce lieu destiné ?...
Savait-elle déjà que, pour sauver le monde,
On Le condamnerait à cette fin immonde ?...

​

Une troisième fois, Jésus se trouve à terre.
"Qu'il se repose un peu !" accorde un militaire
Tant Il semble épuisé au terme de l'effort...
Pour Lui sera bientôt le repos de la mort...

​

Mais Lui, de tout son corps, Il ne veut faire qu'un
Avec cette poussière où Il aima chacun
Pour que la Liberté se garde du péché...

​

Lui, Dieu de l'univers, sur la parcelle infime
De l''espace infini, Il attend, fin ultime,
Qu'il aille librement à Son éternité...

​

​


Michel TALIERCIO
Décembre 1999

MON PERE : QUATORZE SONNETS: Derniers articles
Lever de soleil sur le champ de blé

DIXIEME STATION

​

JESUS EST DEVETU


Comme tout condamné, Jésus est dévêtu :
Nu Il nous est venu, Il nous quittera nu !
Ainsi le grain battu avant qu'on l'ensemence...
Apparemment Jésus n'y voit pas d'indécence...

​

Alors que les soldats s'approprient Sa tunique,
Marie Lui fait passer par tendresse pudique
Son voile délicat qu'Il noue sur Son bassin :
Elle avait craint qu'on L'ait exposé à dessein...

​

Depuis, Marie subit la véritable offense
Qui, toujours tolérée par notre indifférence,
Veut dévêtir Jésus de toute transcendance...

​

Lui n'a jamais perdu ni jamais ne perdra
Le doux rayonnement qu'Il tient de l'au-delà...
Mis à nu, outragé, Jésus il restera !

​


Michel TALIERCIO

Décembre 1999

MON PERE : QUATORZE SONNETS: Derniers articles
Rose et noir papillon

ONZIEME STATION

​

JESUS EST ATTACHE A LA CROIX


L'arbre a été dressé ; Jésus y pend par les poignets !
Quand l'asphyxie menace, Il s'appuie sur les pieds :
Il n'a d'autre moyen de soulager son torse
mais il gaspille ainsi le reste de sa force.

​

Un seul apôtre, Jean, accompagne Marie.
La docile va voir anéantir la vie 
qu'elle tenait de Dieu sans qu'elle sut jamais
que la crèche menait à des jours si mauvais.

​

Pour ses faux justiciers, Jésus veut le pardon,
promet le Paradis, ému, au bon larron ;
donne marie pour mère à l'apôtre qu'il aime.

​

Comme la fin approche, il s'enferme sur lui-même.
il veut se préparer dans son intimité
à retrouver sa place en la divinité.

​


Michel TALIERCIO
Décembre 1999

MON PERE : QUATORZE SONNETS: Derniers articles
Croix Rouge

DOUZIEME STATION

​

JESUS MEURT SUR LA CROIX


"Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi l'as tu abandonné" :
Il aurait tant voulu extirper le péché :
Tout prophète avant lui eut même résistance
Il n'est de liberté sans péché ni souffrance...

​

Maintenant Jésus sait que tout est consommé...
Entre les mains du Père son Esprit Il remet
Si ses os n'ont souffert d'aucune violence,
Son cœur est déchiré d'un violent coup de lance.

​

Signes d'eucharistie pour que tout recommence
Sang et eau de la plaie coulent en abondance
Comme si, même mort, il se donnait.

​

L'arrondi de ses bras semble nous appeler
Pour nous embrasser tous en communion intense
Et puis, bras ouverts, il garde l'espérance.


Michel TALIERCIO
Décembre  1999 

MON PERE : QUATORZE SONNETS: Derniers articles
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TREIZIEME STATION

​

JESUS EST DESCENDU DE SA CROIX ET REMIS A SA MERE


La nuit semble tombée, le sol tremble de rage.
Le voile se déchire au temple de l'outrage.
Beaucoup, saisis d'effroi, et même un centurion
Reconnaissant un Dieu, pleurent de compassion.

​

On libère Jésus de cette croix qui tue
Et qui fut pour beaucoup de joie non retenue
Mais pour d'autres aussi du fol attachement
Dont l'Eglise jaillit comme d'un pur ferment.

​

Il gît, vide de vie... on lui ferme les yeux...
Les proches qui sont là, d'abord abasourdis
préparent la levée de ses restes chéris.

​

Il est beaucoup trop tard pour lui faire toilette,
Un peu d'eau, une toile et une bandelette :
Bouleversé ; pressé ; l'amour s'active au mieux.



Michel TALIERCIO
Décembre 1999 

MON PERE : QUATORZE SONNETS: À propos
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QUATORZIEME STATION

​

JÉSUS AU SÉPULCRE

​

Tu gis seul maintenant, seul au cœur du Rocher*
Ton corps vide de vie, repose là sur la pierre,
Enveloppé seulement d'un grand linceul blanc,
Sans aromates ni parfums car c'est Shabbat !

​

Tu gis seul maintenant, oh toi, notre Rocher !
Tu as donné ta vie pour que nos cœurs de pierre
comprennent ton Amour... Tu n'as pas fait semblant !
Et sur tous à présent, la stupeur s'abat.

​

Oui, tout est accompli mais ils n'ont rien compris !
Ils sont désemparés : tes disciples se terrent...
Ils espéraient la gloire... Ils n'ont que du mépris,

​

Mais au cœur du Rocher, en secret et sans bruit,
de ton corps sublimé, indicible mystère,
le suaire garde trace, Lumière dans nos nuits !

​

​

​

​


En raison de l'évolution de sa maladie, mon père n'a pas pu composer le sonnet relatif à cette station. Dès le soir de son décès, le 21 Décembre 1999, j'ai rédigé le texte de cette quatorzième station qui m'est venu d'un trait, comme s'il m'était dicté.... En définitive, ne me dis que cette station ne pouvait être composée par mon père de son vivant, car elle l'associe, dans la mort, à Jésus... dans la mort mais aussi dans la Lumière ! Il me l'a donc dictée de l'au-delà comme un premier signe car, le jour de son décès mon père m'avait dit "Quand je serai de l'autre côté, si je peux, je t'enverrai un signe". 
Ensuite, lorsque nous sommes entrés dans l'Eglise, pour son enterrement, il y avait le morceau de Bach que je préfère (prélude BWV 650 Kommst du nun, Jesu, vom Himmel herunter (qui signifie Viens Jésus, descends du ciel vers la terre), il n'est pas particulièrement connu... et peut-être un peu trop joyeux pour un enterrement.... J'ai interrogé le prêtre pour savoir si mon père lui avait donné des instructions particulières pour le choix de cet air. Il m'a assuré que ni mon père, ni personne de ma famille n'avait demandé à ce qu'il soit diffusé. Étrange donc que sur tous les morceaux possibles, ce soit juste celui là qui nous ait accueillis pour cette célébration... Ça m'a beaucoup touchée et impressionnée.
Par ailleurs, comme c'était le 24 décembre, son cercueil trônait devant la crèche de l'Eglise de notre paroisse, à Nîmes, qui s'appelle.... Bethléem.... Il y avait le Jésus dans sa mangeoire, et mon père dans son cercueil.... tout un symbole là encore.

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