MICHEL

MON PERE / SONNETS
QUARTOZE SONNETS, POUR LES QUATORZE STATIONS DU CHEMIN DE LA CROIX
Mon père, Michel TALIERCIO, qui n'avait jamais été malade, a développé un cancer de la vessie dans sa 70ème année.... cancer du fumeur paraît-il.... effectivement il fumait beaucoup. Il y a eu tout un symbole autour de cette maladie : il a appris qu'il en était atteint un vendredi saint. Très croyant, il l'a vécue, pendant deux ans, comme son Chemin de Croix. Un chemin de croix ! Quelle étrange idée ! En quoi cela peut-il nous intéresser ?
A mon avis, l'intérêt, pour nous tous est capital, central... En effet :
Dieu n'est pas un donneur de commandements, prêt à nous juger et à nous condamner impitoyablement si nous ne les respectons pas... Ce qu'il serait... s'Il ne s'était incarné, en la personne de Jésus, de la naissance à la mort.
Son Amour pour nous l'a conduit jusque sur la croix, pour nous prouver qu'il n'est pas un Dieu lointain et cruel qui nous juge du haut de son "nuage" ! Au contraire, à chaque messe, lorsque nous partageons son corps livré, son sang versé, Il nous rappelle qu'Il a voulu vivre comme nous, souffrir, comme nous, en se faisant homme, pauvre, faible, traqué, persécuté. Et, même deux mille ans après, nous pouvons être ainsi assurés qu'Il est avec nous, près de nous, dans nos souffrances, dans nos luttes contre toutes formes de Mal, dont nous ne pourrons triompher que par l'Amour.
Pour en revenir à la souffrance, il y a, en fait, trois façons de la vivre : sur le calvaire, il y avait trois croix : celle du Christ et des deux larrons. Tous trois souffraient pareillement, cependant le premier larron, auquel nous ressemblons beaucoup, il veut échapper à son sort et provoque le Christ (comme il nous arrive de le provoquer) en disant : "Si tu es le Christ, sauve toi toi-même et nous aussi !". Le second larron, lui, accepte la souffrance, il estime même la mériter et il a supporte avec courage, l'unissant à celle du Christ ( c'est un peu la démarche de mon père lors de sa maladie). Le Christ, enfin, comme le remarque justement le second larron, n'a rien fait pour mériter d'être là (comme beaucoup de ceux qui souffrent n'ont pas mérité les souffrances qu'ils endurent), mais, Lui, Il est là car Il a voulu AFFRONTER LES FORCES DU MAL, en livrant son corps, en versant son sang par Amour pour nous. Pour nous donner le mode d'emploi de la vie. Pour nous montrer que l'on peut dépasser transcender, vaincre la souffrance et la mort par l'Amour. Et avec Lui, nous pouvons dire à Satan : "Par la souffrance et la mort tu veux meurtrir nos chairs et jeter le doute en nos esprits mais tu ne pourras rien contre nous car notre arme c'est l'Amour et, loin de nous détruire, les épreuves que tu nous envoies nous rendent plus forts. Tes armes se retournent contre toi car nous luttons, contre toi, aux côtés du Christ".
Ainsi vécue, la souffrance n'est plus une destruction mais un LEVIER D'AMOUR. Il faut bien comprendre que si ce n'est pas Dieu qui nous envoie des croix, Il nous accepte, par contre, à ses côtés pour soutenir la lutte et il est vrai que souvent les forces du Mal se liguent pour frapper plus fort les personnes dont l'âme est proche de Dieu. Certains Saints se sont même posés, comme de véritables "paratonnerres" comme des "digues", prenant sur eux, dans la joie et l'Amour, le mal destiné à d'autres... Mousquetaires du Christ ! C'est pourquoi le St Curé d'Ars disait : "Si nous aimions Dieu, nous serions heureux de souffrir à ses côtés, pour tout ce qu'Il a bien voulu souffrir par Amour pour nous".
Ce n'est pas la souffrance, en tant que telle, qui peut sauver le monde mais l'Amour. Elle est un mal. Il ne faut ni la rechercher, ni la provoquer, mais, quand elle survient, nous pouvons y faire triompher l'Amour. Le Christianisme est odieux quand il devient une école de résignation. Si l'épreuve physique et morale peut aigrir et révolter, elle peut aussi libérer dans l'Homme une capacité d'Amour insoupçonnée. Celui qui aime dans l'épreuve commence déjà sa résurrection car, ce faisant, il anéantit les forces du Mal.
Mon père a donc rédigé un sonnet pour treize stations mais n'a pu composer la quatorzième et dernière lors de son vivant car la mort l'a emporté avant.... et curieusement, le soir même de son décès, le 21 décembre 1999, c'est moi qui l'ai écrite (comme sous sa dictée), elle s'est imposée à moi, elle m'est venue d'un trait et j'ai découvert, après coup, avec surprise que l'expression "vide de vie" utilisée par mon père dans la treizième station se retrouvait également dans la quatorzième qu'il m'avait été inspirée de l'au-delà, comme un signe que cette quatorzième station venait bien de lui. Et, en définitive je me dis que cette station ne pouvait être composée par mon père de son vivant, car elle l'associe, dans la mort, à Jésus...dans la mort, mais aussi dans la Lumière !!!